Payer en monnaie de singe

---

Ce qui signifie : Payer en grimaces ou en fausse monnaie, au lieu de payer réellement. Le sens d’escroquerie lui est même assigné aujourd’hui.

Je vous vois venir : qu’à t-il encore inventé pour nous induire en erreur, la première origine sera-t-elle la bonne ? Rassurez-vous, je ne vais pas vous embarquer dans une sombre histoire d’échange de bananes entre singes, vous ne me croiriez pas de toute façon.

Origine :

Fait intéressant, cette expression tire son origine d’une situation plutôt unique. Au XIIIe siècle, Saint-Louis instaura une taxe pour emprunter le pont qui reliait l’île de la Cité à la rue Saint-Jacques, à Paris.  Les marchands qui passaient par-là pour aller vendre un animal dans la Cité, payaient quatre deniers. Il y avait toutefois une exception à cette règle : les forains, bateleurs ou jongleurs qui possédaient un singe pouvaient, en guise de paiement, faire exécuter un numéro à leur animal, ce qui leur permettait de franchir le pont gratuitement.

Il était également admis que les jongleurs sans singe ne payeraient pas ce droit de péage pour leurs autres marchandises à condition d’exécuter un tour devant le péager. C’est cette forme de paiement particulier qui a donné naissance à notre monnaie de singe.

Juste pour la culture G : il existerait une pièce, plus précisément un méreau¹ de jongleur du XIVe siècle, probablement la seule monnaie de singe du monde, détenue discrètement par le Musée Carnavalet. Le méreau en question aurait, sur l’avers, un joueur de vièle à archet faisant danser un chien et, sur le revers, un singe avec une chaîne autour du cou.

Je comprends mieux maintenant, pourquoi les personnes âgées se promènent toujours avec un portemonnaie plein à craquer. Car on apprend pas aux vieux singes à faire des grimaces, alors ils doivent raquer les pauvres !

¹Un méreau, tel un jeton, s’apparente à une fausse pièce de monnaie coulée dans un métal médiocre qui vaut de l’argent mais n’en est pas.