L’anneau des marais

Pour cette 41eme consigne, je devais revisiter un mythe, un conte populaire, etc. et soigner la description de l’ambiance et du lieu de l’hisoire. J’avais le choix libre du mythe mais j’ai dû piocher parmi 5 propositions de cadre. Ici, j’ai décidé de fusionner le Seigneur des Anneaux avec comme texte imposé : « les mares » de Rossetti.

Comme d’habitude, étant donné la contrainte des 6000 signes, je me suis limité à la description d’une journée du voyage de Frodon, réécrit avec le mixage du texte de Rossetti. Bien sûr, les puristes regretteront peut-être les modifications que j’apporte à l’oeuvre de Tolkien, mais c’est pour les besoins de la formation, ne l’oubliez jamais !

Bonne lecture !

L’anneau des marais

À bout de souffle, Frodon freine l’allure. Le bois lugubre dans lequel il pénètre ne le rassure pas, des frissons parcourent son corps. Il est à l’affût et tressaille à chaque bruit inquiétant qui se manifeste. L’anneau chauffe dans sa poche, il lui brûlerait presque la peau de la cuisse. Il se retourne et remarque que la horde de gobelins a disparue. Il s’appuie contre un tronc à la recherche d’un peu de répit. Car depuis ce matin, c’est une véritable chasse à l’homme dont il est la proie.

Soudain, un sifflement frôle son oreille et une flèche se plante dans l’arbre juste devant lui. Il reprend sa course et s’enfonce dans l’obscurité de la forêt. Après quelques folles enjambées, il se heurte à une paroi immense. Il tâtonne avec ses mains : aucune issue ! Le petit aventurier se retourne et scrute l’horizon, déjà des silhouettes se rapprochent. Fatigué, pris au piège, Frodon n’entrevoit plus qu’une solution. À contrecœur, il décide d’enfiler l’anneau autour de son doigt.

L’instant suivant, il se retrouve projeté dans un décor incroyable, un paysage époustouflant. Un ciel violacé couvre, à perte de vue, des milliers de marais au reflet émeraude qui tapissent un sol rocailleux pourpre. Le Hobbit est surpris, jamais le précieux n’avait réagi comme ça. Jusqu’à maintenant, son unique pouvoir consistait à le rendre invisible sauf à l’œil de Sauron. Où se trouve-t-il ? Serait-ce déjà le Mordor ? La quête doit continuer, la bague doit être jetée et détruite dans les forges d’Edroduin.

Frodon retire l’objet magique de son doigt, rien ne se passe cette fois. Il prospecte cette étendue de flaques d’eau géantes. Durant les quelques heures de marche, le paysage ne change pas. En fin de journée, la fatigue le gagne. Il choisit de se poser, manger un morceau et vérifier si la baignade dans un des étangs s’avère possible. Il y envoie d’abord une pierre, celle-ci coule normalement. Il plonge la main, l’effet humide est incontestable, mais elle disparait étrangement sous la surface. Aucune odeur suspecte ne s’en dégage non plus. Frodon ose boire une petite lampée, c’est bien de l’eau.

Les frusques bien pliées près de son sac, notre héros peut enfin se rafraichir. Il prend garde à ne pas se tremper tout entier, car chaque membre immergé de plus de vingt centimètres s’efface sinéluctablement sous le liquide verdâtre. À présent, propre et revigoré, le repos s’impose. En s’appuyant sur un gros caillou pour se relever, ce dernier se dérobe, Frodon glisse et tente de se rattraper à la berge, mais la terre est meuble. Le malheureux tombe de tout son poids dans le marais.

L’endroit où il atterrit, il le reconnaîtrait entre dix mille. Il a retrouvé sa chère Comté, le pays des siens. Qu’est-ce encore que ce tour de magie ? Frodon se pince, se claque la joue, non il ne rêve pas. C’est bien le chemin de son village qu’il aperçoit au loin. Les odeurs du lièvre au thym de Jasmyne Touque viennent lui caresser les narines. Le ciel d’Azur lui procure une joie intense et le soleil abondant inonde son visage d’un plaisir absolu. Il entend les éclats de voix des enfants. Quelle belle région que l’Eriador se dit-il.

Le jeune Hobitt hésite à rentrer chez lui, s’allonger sur sa couche confortable et paisiblement s’endormir. Mais sa mission n’est pas terminée ! Sauron doit être exterminé et il est le seul à pouvoir aller jusqu’au bout. Dans la poche de sa culotte trempée, la bague chauffe à nouveau. Les yeux embués et la gorge serrée, Frodon jette un dernier coup d’œil vers la bourgade de son cœur et enfile le joyau.

Instantanément, il est de retour dans l’étrange contrée marécageuse. L’anneau a désormais comme fonction de le rapatrier à cet endroit visiblement. Frodon comprend bien vite que les mares sont autant de portes vers des mondes différents. Il pourrait gagner du temps en étant directement téléporté dans la Terre de Feu du Mordor. Rhabillé et fin prêt, il saute de bassin en bassin, utilisant l’anneau pour le ramener à chaque tentative infructueuse.

Un marais débouche enfin dans un lieu sombre et chaud, inconnu du petit Hobitt, sans doute une caverne. Il suit un faisceau lumineux et sent de l’air âpre et nauséabond lui piquer le visage. À l’extérieur, le chant des montures Nazgûl s’effacent dans le ciel, elles tournoient au-dessus d’une coulée de lave et de cages métalliques d’où sortent des orques par centaines. Il lève la tête et en haut d’une cheminée graniteuse : l’œil de Sauron le fixe. Motivé plus que jamais, Frodon s’élance et fonce vers son objectif ultime, les forges d’Edroduin.

2 réflexions sur “L’anneau des marais”

  1. N’étant pas fan de ce genre de film, je n’ai pas vu  » le Seigneur des Anneaux ».
    Toutefois, malgré ce manque de culture, je me suis plongée dans ton écrit  » fantastique ».
    La description et l’atmosphère de cette histoire pourraient presque m’inciter à aller plus loin, comme : regarder le film, par exemple.

  2. Ah attention lorsqu’on s’attaque au Seigneur des anneaux, tu vas réveiller la communauté… Je plaisante, je dois avouer que je n’ai jamais lu les tomes de Tolkien, mais j’ai bien sûr vu les films. Pour le coup, j’aime bien l’univers que tu as dépeint, mais c’est très court ! On a envie de découvrir se qui se cache dans les autres flaques ! J’imagine que ce n’est pas une consigne aisée, mais qu’elle t’a montré encore une fois de nouvelles techniques d’écriture ! Au plaisir de te lire, toujours !

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