La grenouille et l’Optimist (public 7 à 11 ans)

Pour cette 22ème consigne, j’ai dû écrire une nouvelle pour les enfants. Je devais également définir la tranche d’âge du public. Il fallait dès lors écrire un texte adapté aux bambins ciblés. J’ai donc choisi l’angle ludopédagogique… A la fois sympa pour les enfants et pour les parents. Avec, cerise sur le gâteau : l’apprentissage d’un vocabulaire spécifique à une activité.

Bonne lecture !

La grenouille et l’Optimist

Ça y est, cette année, Myrtille a huit ans ! Une chevelure bouclée ruisselant sur ses petites épaules bronzées, ses grands yeux verts pétillent en regardant les vieux gréements glisser à l’horizon. Elle est fascinée par leurs fortes voilures. Elle va enfin pouvoir participer au camp de voile. Dans la propriété familiale au bord du lac Léman, tous les grands cousins s’affairent. Il faut préparer les bateaux, dresser les mâts, hisser les voiles. Mais avant tout, Myrtille doit posséder sa grenouille pour prétendre à la formation de moussaillon.

La grenouille est une épreuve indispensable pour pouvoir sortir en bateau. Il faut sauter du ponton, tout habillé, traverser le port de la base navale et atteindre la berge. Notre mini mousse sourit, elle est prête. Devant l’échelle, les clameurs de la famille et les applaudissements l’encouragent à se lancer. Un, deux, trois… Et c’est parti !

Myrtille est à l’eau. Dans ses souvenirs, jamais son chemisier n’avait été aussi lourd et les mouvements de brasse aussi compliqués à exécuter. A mi-chemin, sa concentration se renforce et sa crispation se dissipe. A proximité, sa maman est sur une barque, enjouée. Son papa est sur la rive, à quelques mètres d’elle, filmant l’exploit de son héroïne du jour.

Enfin, ses pieds touchent le fond. Elle sort couverte d’algues et ses chaussures sont remplies de vase. Sa cousine, Jeanne, éclate de rire en la félicitant. Théo, son grand frère, l’accueille avec une grande serviette qu’il enroule autour d’elle en la serrant dans ses bras. La petite demoiselle a réussi et se sent capable de traverser le lac à la nage !

La matelote est ravie, l’aventure en Optimist va pouvoir commencer. Ce petit dériveur au mât unique est idéal pour se familiariser aux rudiments de la voile. La première journée débute avec les recommandations de sécurité et les bases théoriques. Ensuite, quelques exercices pratiques sont indispensables pour prendre confiance en soi. Les jours qui suivent, les moniteurs aident les enfants à maîtriser le comportement de leur embarcation et font quelques bordées avec eux. En fin de semaine, il est enfin temps de partir à la conquête du large.

— Les équipages seront composés de deux enfants, crie Matt, le marin responsable.

Jeanne et Myrtille se retrouvent ensemble pour vivre la première sortie. Avant tout, elles enfilent leur gilet de sauvetage et se badigeonnent de crème solaire. Ensuite, il faut mettre l’engin à l’eau. Les deux partenaires tirent le chariot et descendent le plan incliné pour mettre le petit navire à flot. Pendant que l’une le retient, l’autre va ranger le matériel.  Elles se hissent enfin dans leur coque de noix et en avant.

Les deux cousines sont contentes de faire équipe. Jeanne est une petite fille très sûre d’elle. Avec le bon sens de Myrtille, le binôme va certainement bien se débrouiller. Les voilà sorties du port. Jeanne est à la barre. Le vent s’engouffre dans la voilure, c’est à notre récente grenouille de bien régler celle-ci pour la gonfler au maximum et prendre de la vitesse. Tantôt elle borde, en tirant l’écoute de voile, pour la tendre. Tantôt elle choque, c’est l’opération inverse, elle relâche le cordage, pour donner du mou. Il faut bien maîtriser ces procédés pour permettre une prise au vent idéale.

Nos jeunes navigatrices sont joyeuses. Autour d’elles, d’autres équipages ont agit de la  même manière et tout le monde fait route vers la bouée installée au large. Le duo fonctionne bien, la communication est installée. Fortes des conseils prodigués par tonton Louis le matin, elles sont en tête de la régate improvisée. Le visage rayonnant, les filles s’échangent des regards complices. Elles restent néanmoins concentrées et se rapprochent maintenant de la bouée. Il va falloir opérer un virage en vent arrière : un empannage.

— Tu es prête Myrtille ? s’exclame Jeanne.

— Oui oui, à ton signal…

— Alors, on y va !

Dans un mouvement saccadé, Jeanne ramène la barre pour contraindre le modeste vaisseau à changer de cap. Myrtille donne la tension nécessaire au cordage pour réussir la manœuvre. Une rafale violente se prend dans la voile, la bôme qui soutient cette dernière pivote brusquement et heurte le front de la malheureuse. La barreuse s’affole, sa cousine vient de tomber du voilier. Elle veut revenir vers elle, et tente donc, seule, un virement de bord pour faire demi-tour. Elle perd le contrôle. Emporté par le mouvement, elle dessale,  l’Optimist bascule et chavire.

Jeanne nage vers sa cousine évanouie. Heureusement, le gilet maintient sa tête hors de l’eau. Myrtille reprend connaissance après quelques secondes et les courageuses enfants nagent vers la marque jaune pour s’y agripper. Leurs regards se dirigent vers la coque de leur bateau qui s’éloigne de plus en plus. Soudain, un vrombissement se fait entendre. Oui, c’est ça, c’est le canot à moteur de Matt. Les fillettes sont rassurées, elles lèvent les bras et font des signes.

— Houhou, Matt, par ici, on est là !

Arrivé à leur hauteur, le sauveteur les remonte à bord.

— Ca va les filles ? s’inquiète-t-il.

— J’ai un peu mal à la tête, répond Myrtille.

— On regardera de plus près au port, mais je pense que tu t’en sortiras avec une grosse bosse.

— Et moi je suis désolée, j’ai laissé partir le bateau, pleurniche Jeanne.

— Ne t’inquiète pas, regarde, tonton Louis et ton papa sont déjà en route pour le récupérer.

Sur les autres esquifs, tous sont rassurés de voir que l’équipage des cousines est sain et sauf. Ils ont observé la situation de loin, impuissants, essayant d’accélérer la cadence de navigation sans succès. Ils arrivent à leur tour sur les lieux de l’incident et savent désormais qu’il faut être prudent.

Revenues sur la terre ferme, les deux cousines se réchauffent sous d’épaisses couvertures, un bol de soupe dans les mains. Elles se sourient. Demain, pour sûr, elles repartiront à l’assaut du lac pour dompter les flots.

2 réflexions sur “La grenouille et l’Optimist (public 7 à 11 ans)”

  1. Hello Benjamin !

    Comme je suis accablée par les incendies en Amazonie, je viens faire le tour des blogs pour me rafraîchir les idées, et me détendre un peu. Je n’avais pas lu ce texte destiné aux enfants, j’étais déjà partie eheh ! J’aime bien les objectifs que tu t’es lancés dans cette nouvelle, finalement, c’est pas si évident que cela ! J’ai apprécié le côté un peu Club des 5 de ton texte, avec les cousines qui n’hésiteront pas à repartir à l’abordage, c’est une bonne chute.

    En fait, le seul truc qui me chiffonne, c’est que, comme tu décris longuement toutes les étapes, la dernière phase où se passe la chute est très courte, et perd en sensation de danger et d’intensité. Bon, mais tu sais que mon dada, c’est les fins un peu choc 🙂 ! En fait, j’aurais mis plus en avant cette traversée de l’Optimist, parce que c’est ton titre et c’est ça qui nous fascine, comment la grenouille va-t-elle réussir ? J’aurais donc réduit les premiers paragraphes pour romancer plus l’histoire. Mais tu as fait un choix intéressant qui justifie cette approche. Voilà, merci pour ce texte qui m’a fait du bien, même du haut de mes 32 piges !

    Belle journée à toi, Sabrina

  2. Chouette aventure! Ca m’a rappelé plein de souvenirs d’enfance! J’ai bien envie de la faire lire à mes élèves qui sont dans la tranche d’âge ciblée. Il y a un champ lexical intéressant à exploiter en plus.

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