La quête du Graäs

Pour cette 12ème consigne : il fallait rédiger une nouvelle de fantasy. Choisir un héros, l’affubler d’une mission quasi impossible, le faire souffrir et endurer des épreuves au cours de son périple.

J’avais le choix des nuances : Dark fantasy, Mythe, Heroic fantasy, Space opera, historique, humoristique…

Je vous laisse découvrir ma version et attends vos commentaires.

Bonne lecture !

La Quête du Graäs

Il ne fait pas bon vivre dans le royaume de Cor-nouille-Ail. Les celliers sont presque vides, les terres ne produisent plus suffisamment et les élevages sont décimés. Il y a plus grave, on manque d’huile, de beurre, de peau de canard, de couenne de porc… Tous les Nouillencoraux le savent : le gras, c’est la vie !  Hardur, le Roi de la contrée a donc décidé de réunir ses plus braves chevaliers autour de la table ovoïde. Car il a reçu une vision : une quête qui pourrait rendre espoir à ses vassaux et à la populace.

— Mes fidèles concons… cons… compagnons, j’ai reçu une memer… merveilleuse révélation.

Oui, tout le monde ne le sait pas, et il préfère que personne n’en parle mais Hardur a toujours eu des problèmes oratoires.

— Nous allons relever toutou… tous ensemble la quequette… la quête du Graäs.

Le Graäs : une légende ? Un objet entouré de mystère, celui qui le détient aurait le pouvoir de rendre fertile la plus aride des terres, de permettre à la première vache venue de mettre bas au plus haut rendement. Une vraie poule aux œufs d’or pour agriculteur ambitieux et visionnaire. Alors une telle babiole pourrait bien être le remède miracle au déclin désastreux et inexorable du royaume.

S’emparer du Graäs ne sera pas chose aisée. Si les légendes disent vrai, le bibelot aurait été avalé par Tharlactos, un ours polaire à deux têtes. Pour atteindre son repaire, les régions à traverser sont sauvages et des créatures monstrueuses y fourmillent. Il faudra progresser rapidement et discrètement, hors de question de partir avec une armée. Quelques valeureux camarades feront l’affaire.

Tout d’abord  Crêveladal : pas très futé, mais habile à la lame. Il voue une allégeance sans faille à son Roi. Berlin l’enchanteur : ses tours de passe-passe et sa connaissance des plantes médicinales seront bien utiles durant le voyage. Et un guerrier Troll chevronné : il a toujours combattu sous le blason royal mais nul ne sait son nom. Pour cause, il fait partie de la guilde des acolytes anonymes. Hardur peut également compter sur un atout puissant : Exquilabière, sa hache magique.Videlot du lac, le plus sage et érudit chevalier est désigné pour rester auprès de la reine. Genièvre en reste bouche bée.*

Au bout d’une journée à cheval, ils arrivent à l’auberge des trois faisans. Elle jouxte l’orée de la forêt de Brossalentes. Un barde celte chante une comptine comparant la noblesse aux phacochères. Un cygne embroché, rôtit gentiment dans l’âtre de la cheminée. Crêveladals’occupe de réserver le gîte pour la nuit et la pitance pour l’heure. Une diseuse de bonne aventure s’approche de leur tablée et saisit la main d’Hardur.

—   Voilà un destin bien funeste que je vois dessiné là. Pour mener à bien la mission que tu entreprends, tu vas devoir perdre une part de toi-même… Majesté.

A ces paroles, Crêveladal presse une dague sur la gorge de la vieille dame et lui somme de quitter le relais sur-le-champ.Hardur se précipite dehors pour interroger la cartomancienne, elle a disparu.

A l’aube, ils disparaissent derrière l’épais feuillage des premiers arbres, ils pénètrent dans le bois sombre et hostile. Ils évoluent depuis quelques heures quand ils sentent le sol trembler. Des oiseaux s’envolent à tire-d’aile et tous les animaux déguerpissent. Les vibrations se font plus violentes, un tronc est arraché du sol et s’écroule à quelques mètres d’eux. Les chevaux se cabrent, éjectent leurs cavaliers et détalent. Nos héros courent à  leur tour, mais il est trop tard : un chêne gigantesque, de quinze toises, aux yeux couleur de lave en fusion, se dresse devant eux !

— Ne bougez-plus ! S’égosille Berlin. C’est « Déchainé le terrible », le gland maître de la forêt.

— Qui ose venir perturber la quiétude de ce lieu ? Parle, vilain barbu, avant que je t’écrase comme une larve. Ordonne-t-il d’une puissante voix caverneuse.

Berlin relève la tête et tend ses mains enflammées vers son adversaire. Ce dernier, conscient du danger reste muet comme une souche et leur indique la route vers la montagne sans sommet.

Ils sont ont au pied de l’impressionnante masse rocheuse, cet édifice naturel semble transpercer les nuages, impossible de savoir le temps qu’il faudra pour le gravir. Mais le repaire de Thalarctos est là-haut. La nuit tombe, ils organisent le campement, Hardur jette un coup d’oeil dans la boule de Berlin, pour voir comment se porte sa dulcinée. Un coup de poignard traverse son cœur quand il constate qu’elle batifole avec Videlot. Les paroles de la vielle folle de la taverne résonnent dans son esprit.Le lendemain matin, Hardur est premier de cordée, suivi de Berlin et Crêveladal, le guerrier Troll ferme la marche.

Après quelques heures d’ascension, la paroi se fait plus glissante, la température diminue, les prises sont moins évidentes. Ils voient enfin un creux dans la roche où ils pourront se reposer. Mais ils n’ont pas le temps d’y parvenir, Hardur reçoit une décharge gelée dans le dos, il est paralysé. Un dragon givré des montagnes lui a envoyé un jet de glace et s’apprête à remettre ça sur Berlin. Le Troll coupe sa corde, bondit de la paroi, attrape les pattes de la bestiole et lui plante son épée dans le ventre. Ils tombent tous deux à pic. Des larmes coulent sur les jours d’Hardur, est-ce  pour la disparition de son ami sacrifié ou à cause de la douleur provoquée par le dragon.

Crêveladal a pris le relais du Roi, ce dernier se réchauffe peu à peu, mais l’avancée est pénible. Ils atteignent la faille, un chemin escarpé pointe vers la lumière du jour. Hardur souffre mais il doit réussir cette quête, pour son peuple et pour se venger. Ils aboutissent sur un plateau enneigé retenant une verdure luxuriante. Ils sont à peine arrivés qu’un grondement bestial déchire le calme qui régnait quelques secondes auparavant. Thalarctos surgit derrière eux, enragé !

Un coup de patte, le bras de Berlin vole à quelques pas. Une morsure et c’est la jambe de Crêveladal qui est déchiquetée. Hardur s’empare d’Exquilabière, glisse sous le plantigrade bicéphale et pourfend la bête en deux. Le blanc immaculé fait place à une marée rouge brillante. Couvert de viscères, Hardur lève le bras au ciel, un écrin à la main et le sourire aux lèvres.

*En Belgique, le genièvre est une boisson alcolisée, réalisée à base de baies de genévrier.

1 réflexion sur “La quête du Graäs”

  1. Haha yes! Tu me régales avec les noms. Ca donne le ton dès les premières lignes, et ça donne envie d’aller plus loin pour voir ce qu’en tu as trouvé. Gros effort d’imagination donc, qui fait son effet. Mention spéciale pour « videlot du lac » et « nouillencoraux ».

    Bien que de seconde importance pour moi, la quête tient la route. Peut être aurait il été intéressant de travailler davantage la ligne humouristique dans la rencontre avec les grands méchants, tout en restant succinct. Je pense notamment à l’affrontement avec le Gland Maître Chêne. Avec pareil nom, j’aurais aimé en voir des vertes et des pas mûres! 😉

    En tout cas super Ben, ce style te va très bien je trouve

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