Le pas de base

Pour cette 11éme consigne, je devais rédiger une nouvelle sentimentale ! Si, vraiment, je sais ce que vous pensez mais j’ai essayé quand même.

J’étais libre de choisir l’angle d’attaque : provocateur, romantique, à l’eau de rose, passionné…

Je me suis servi de mon expérience personnelle pour étayer le propos, je vous laisse juge.

Bonne lecture !

Le pas de base

C’est parti ! Le cortège d’autocars défile devant l’entrée pour y déposer les participants. Cette année encore, je suis référent. Je connais les lieux, le fonctionnement, la plupart des ados et tous les professeurs. Enfin tous, sauf une nouvelle, la chorégraphe, elle est en retard d’ailleurs.

— Lors de ce stage de comédie musicale, on retravaillera Roméo et Juliette version moderne, annonce ravie, Raphaëlle Lalhuette, la prof de chant.

Dix-neuf heures. Je contrôle que tout est en ordre auprès des encadrants et du staff technique. Je rentre dans le local de répétition dédié à la danse. Les jeunes discutent entre eux. Toujours pas de signe de vie de leur formatrice. Je repars vers le couloir et à l’instant où je passe la porte, une tornade parfumée me bouscule et fait voler mes affaires au sol. Je m’accroupis pour ramasser mes effets. Elle se baisse à son tour, passe la main dans ses cheveux et regarde le sol, les joues rosacées.

— Excusez-moi, je suis confuse. Je suis en retard et je ne sais pas trop dans quelle pièce je dois me rendre !

Elle prononce ces mots en n’osant à peine me regarder. Je la fixe. Elle a les yeux amandes effilées, la peau mate, la chevelure châtain, lisse et soyeuse. Elle me sourit, des lèvres charnues, une bouche large, généreuse.

— Mais pardon, je ne me suis même pas présentée. Bonjour, je suis Irène, la prof de danse.

— Michael… On ne vous attendait pas si tôt, rétorquai-je amusé, en lui tendant la joue.

Je la laisse faire connaissance avec son groupe de danse. Ensuite, je l’emmène dans ses appartements et je l’aide à s’y installer.

— Le voyage a été long, je vais me rafraichir et passer une tenue plus confortable me lance-t-elle, pétillante.

— Oui bien sûr, on se retrouve plus tard, regrettant déjà de ne pas faire durer ce moment intime.

Le lendemain, je ne peux m’empêcher de la dévorer du regard. Derrière la sono, je l’observe se déhancher, montrer les gestes aux filles qui l’écoutent attentivement. Elle est gracieuse et sexy. On se capte parfois, elle me lance des petits regards soutenus, ce qui accentue son charme. Après la répétition, elle vient me trouver.

— J’aurais besoin d’un partenaire pour une danse cruciale du spectacle, ça te dérangerait ?

— Je peux essayer, c’est quoi comme genre ?

Elle s’avance alors vers moi, saisit mon bras, porte ses lèvres à hauteur de mon oreille et me chuchote doucement :

— Un tango argentin !

Des frissons parcourent mon corps tout entier. Je ne peux pas m’empêcher de sentir ses cheveux. Elle le sait… elle se redresse en pivotant la tête pour me laisser profiter d’une dernière effluve.

— C’est plutôt technique ça non ?

— Oui c’est pour ça que je te propose de répéter ce soir, quand les enfants seront au lit, ça te va ?

Sans me laisser répondre, elle tourne les talons, exécute un petit pas chassé avant de disparaitre dans le couloir. Evidemment que ça me va! Je lui souris à mon tour pour marquer mon accord. Je me surprends à rester immobile quelques secondes, béatement. C’est en entendant rire des ados à la fenêtre que je sors de ma léthargie romantique.

Les campeurs couchés, je descends rejoindre les autres dans le salon pour débriefer la journée. La réunion terminée, Irène se plante devant moi. Elle porte un legging qui dessine parfaitement ses longues jambes et la courbe de son fessier gibbeux. Un juste au corps souligne le galbe de sa poitrine. Notre session n’a pas encore débuté, je suis déjà ivre de sa présence.

— On va commencer par la première figure du Tango: le pas de base.

Elle saisit ma main, passe son bras autour de ma taille, et plaque mon corps contre le sien.

— Voilà la bonne distance pour ce type de danse, me souffle-t-elle.

Elle positionne mon autre main sur sa chute de rein, à l’endroit de la cambrure, et pose la sienne sur mon épaule.

— Voilà, maintenant, on va faire un pas à gauche, un en arrière, un autre à droite et on revient vers l’avant en position initiale.

On démarre, sa cuisse se glisse entre mes jambes, son buste épouse mon torse, ses yeux agrippent les miens et ne les lâchent plus jusqu’à l’arrêt de la séquence. Je transpire, mon rythme cardiaque s’accélère. Elle se recule et me regarde en se mordillant les lèvres.

— Le spectacle a lieu dans quatre jours, on pourrait répéter tous les soirs si tu veux ?

— Avec plaisir, je suis ton homme.

A chaque répétition, on enchaine les figures et les pas. Le dernier soir, elle branche la sono, envoie la musique. Tout va très vite, nos corps s’entrelacent, nos sens tournoient, notre esprit virevolte, la musique s’arrête et je suis penché sur elle, ma bouche à quelques centimètres de la sienne. Elle esquisse un sourire en guise d’acquiescement. Je l’embrasse avec passion et avidité. Je sens qu’elle s’abandonne, nos langues se délient, s’entremêlent. C’est un tsunami d’émotions et d’excitation qui s’est emparé de nous. Nous nous redressons, elle réajuste sa robe, remonte son corset.

— Voilà une version plutôt inattendue mais pas inintéressante, s’esclaffe-t-elle.

Dernier jour. Elle m’était inconnue il y a une semaine et je ne peux plus m’en séparer à présent. Les premiers parents arrivent pour assister au spectacle de fin de camp. Après la représentation, le bâtiment se vide, les voitures chargées repartent dans différentes directions. Je m’assure que tout est en ordre avec l’équipe de nettoyage et je me dirige vers le parking. Elle m’attend, posée contre le capot de ma voiture.

— T’es toujours d’accord de me déposer à la gare je suppose ?

— Oui, même si j’aurais préféré que tu restes encore un peu.

Sur le quai de la gare liégeoise, nous restons enlacés jusqu’à l’arrivée du train à destination de Lyon, nous nous faisons un dernier baiser langoureux. Elle monte la marche et se tourne vers moi.

— Le cursus d’instit est très bon en Belgique il paraît, non ?

Un sifflement strident résonne, les portes automatiques se ferment, elle plaque la main sur la porte vitrée et m’adresse un clin d’oeil.

3 réflexions sur “Le pas de base”

  1. Une romance comme j’aime les lire dans les livres…celle-ci est particulièrement spéciale…
    Bravo pour la description des sentiments…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!
Retour en haut