Rencontre Naturelle

Pour cette 17éme consigne, je devais écrire une nouvelle de science-fiction. Il fallait donc plonger dans l’univers de ce style : Androïde, cyborb, extraterrestres, vaisseau spatial, planète lointaine, etc… vous l’aurez compris, j’ai pioché dans le répertoire pour poser le cadre. Ensuite, il m’était également demandé de présenter un aspect sociétal pouvant fournir l’enjeu de mon récit… Je vous laisse découvrir le résultat.

Bonne lecture !

Rencontre Naturelle

L’expérience humaine est un échec. La terre a repris ses droits et a mis fin au massacre de ses ressources… elle avait été programmée pour ce cas de figure. L’homme : cinq millions d’années d’évolution pour découvrir seulement dix pour cent de ses capacités. Sa soif de posséder, son individualisme, la recherche de la réussite personnelle au lieu du partage collectif ont conduit cette créature archaïque à sa perte. Un échantillon de la population, qui semblait avoir développé des sentiments plus nobles, a tout de même été sauvé et transféré sur Nature S.

Une musique douce enchanta les oreilles de Sabine. Une brise légère vint caresser son visage. Elle s’étira, ouvrit les yeux et découvrit une coupole en verre au-dessus d’elle, englobant le matelas sur lequel elle était allongée. La paroi vitrée se sépara et un escalier vint s’ajuster sous son pied alors qu’elle glissait sa jambe hors du lit. Tout était confus dans son esprit. Quelques images du drame lui revinrent en mémoire, elle ne ressentait bizarrement ni tristesse, ni peur.

Des vêtements étaient étalés sur un canapé flottant. La jeune femme les essaya. Ils épousaient parfaitement les courbes de son corps. Elle n’avait jamais porté cette matière auparavant, c’était très confortable. Elle fit quelques pas vers une baie transparente. Sabine se figea en découvrant le cadre luxuriant qui se dressait devant elle. Des  arbres géants, avec des protubérances au niveau du tronc qui ressemblaient à des appartements d’architecture futuriste. Elle ne put s’empêcher de penser qu’elle était au paradis.

— Le paradis ? Voilà bien un concept de ton monde… gloussa une voix enjouée.

Sabine fit volte-face ! Une femme magnifique, brune, les yeux vert émeraude, élancée, un nez fin, de petites oreilles et un sourire mutin avançait vers elle.

— Qui êtes-vous ? J’ai parlé à voix haute ? Et où suis-je d’abord ?

— Doucement, nous avons le temps pour répondre à toutes tes questions.

Les lèvres de la belle inconnue n’avaient pas mû. Sabine aperçut de fines ouvertures dans le cou de son interlocutrice.

— Comment avez…

— Je peux lire tes pensées et parler directement à ta conscience ! Et oui, je suis munie de branchies… Je m’appelle Ophélia, je suis une Naturelle : c’est un des plus vieux peuples de l’univers.

L’autochtone saisit la main de Sabine.

— Tu n’as vraiment rien à craindre de moi. Nous t’avons sauvée des flammes sur Terra. Tu étais inanimée, le bâtiment allait s’écrouler sur toi, nous sommes donc intervenus et t’avons amenée ici, sur Nature S.

— Mes jambes ! Je ne pouvais plus les bouger, elles avaient été broyées par…

— Nous t’avons guérie de ça, et du reste aussi. Tu vas profiter de notre médecine désormais. Mais commençons par manger, tu dois avoir faim ! Nous pourrons faire plus ample connaissance en chemin.

Elles sortirent sur une petite plateforme. Une sphère vitrée, dotée de quatre sièges, était suspendue au-dessus du vide, fixée par une espèce de ventouse à la branche de l’arbre.

— Vous aimez le verre ici ! s’exclama Sabine

— C’est du lacrima, ce sont nos arbres qui sécrètent cette matière organique. On  peut la modeler comme on veut, et surtout, on peut communiquer avec elle.

Sabine observa alors l’intérieur du petit engin qui les transportait.

— Il n’y a pas de tableau de commande, s’étonna-t-elle.

— Comme je te l’ai dit, nous communiquons avec cette matière.

— Mais comment ?

— Par la pensée, nous sommes en complète osmose avec la nature, nous prenons soin d’elle et elle de nous.

La capsule sphérique se détacha de son amarre végétale et se mit à voler entre les branches. Sabine était émerveillée. Les gens semblaient vivre en totale harmonie entre eux et avec les éléments, comme si toute cellule vivante avait son utilité spécifique bien connue et que chacun la respectait. Le véhicule atteignit bientôt la cime de l’arbre et sortit du feuillage. Vu d’en haut, le paysage était encore plus féerique. Pas une route bétonnée, par une maison en brique, pas un seul cours d’eau rectiligne, pas de colonne de fumée sortant des usines…

L’engin se dirigea vers une colline et se posa sur un plateau à proximité d’autres vaisseaux. A quelques mètres, une table végétale et des tabourets ressemblant à des souches étaient disposés. Au loin, une créature à six bras faisait cuire des boules de pâtes. Une plaque minérale posée sur une tourelle rocheuse dont sortaient des flammes lui servait de gazinière.

— Pourquoi détruire et polluer pour inventer n’est-ce pas ? Lorsqu’il suffit de demander à la nature de nous aider à créer… souffla délicatement Ophélia

— C’est incroyable…

— C’est pour ça que tu es là… Pour apprendre qu’on peut gérer les ressources autrement. Nous réitèrerons l’expérience sur Terra, quand elle sera à nouveau accueillante.

Toutes les croyances de la terrienne s’évanouissaient. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’être admirative. Elle parlait à son… créateur !

— Ophélia, pourquoi avoir laissé les choses se gangréner ? Pourquoi ne pas être intervenus plus tôt ?

— L’expérience aurait été tronquée avec notre intervention. Nous devions vous laisser faire, sans dictat, sans vous influencer d’une quelconque façon. Nous ne détenons pas la vérité absolue. Une autre intelligence, évoluant dans un environnement différent peut nous apporter beaucoup.

— Alors pourquoi son extinction ?

— Nous ne sommes pas directement responsables. Comme l’homme, les matières organiques de la Terre suivent leur propre destin, réagissent pour survivre.

— Donc pas de seconde chance ? Pas de coup de pouce pour nous aider à vivre en harmonie avec la nature ? Alors que c’est le fondement de votre peuple ? aboya-t’elle.

— Si… nous sommes en train de le faire ! Observe les convives autour de la table. Vous êtes Terra 2. Vous avez été sauvés grâce à vos valeurs. Nous croyons qu’avec votre expérience ici, dans quelques temps, vous pourrez démarrer une nouvelle civilisation sur votre planète. Avec plus de réussite je l’espère.

Sabine resta silencieuse, elle avait beaucoup de questions, mais elle avait le temps maintenant.

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